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Ecole des sables, scolarisation des enfants touaregs du Massif de l’Aïr

Les Touaregs

Le peuple touareg et son territoire

Le terme de touareg est la forme française du mot arabe twareg désignant des populations berbères du Fezzan en Libye. Peuple Berbère avec leur langue et leur écriture, les Touaregs furent chassés des côtes d’Afrique du Nord, par les Romains puis les Arabes il y a 2000 ans, Ils fuirent vers le désert qu’ils apprirent à connaître et devinrent un peuple saharien

Actuellement, les Touaregs se répartissent sur 5 pays, la Libye, l’Algérie, le Mali, le Burkina Faso et le Niger où le nombre est estimé à 1.3 millions soit un peu moins de 10% de la population.

Les Touaregs se nommer eux-mêmes les kel-tamashek, « ceux qui parlent le tamashek » ou les « Imochar », les hommes libres.

Le voile ou le taguelmoust, de 6 à 15 m de long, est un élément identitaire très fort, communs à tous les hommes touaregs. La manière de porter le voile permet de s’identifier à une région. Traditionnellement indigo, noir ou bleu, le voile peut avoir aujourd’hui des couleurs plus variées. Une épée, la takouba , complète la tenue traditionnelle. Les femmes, elles, ne se voilent pas le visage.

touareg niger

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La langue touarègue : le tamasheq

Variantes des langues berbères, les langues touarègues se nomment le tamasheq, le tamahaq et le tamajaq suivant les régions. Ces langues appartiennent donc à la famille des langues afro-asiatiques. Ce sont essentiellement des langues parlées, la transmission des connaissances se faisant par la parole, par les dictons et les proverbes. Toutefois, elles existent aussi sous une forme écrite le tifinagh , les variantes touarègues étant les seules langues du groupe berbère à avoir conservé la forme écrite de l'antique écriture berbère en usage dans toute l'Afrique du Nord et le Sahara.

L’écriture : le tifinagh

Diverses formes d’art rupestre (stèles, gravures…) comportant des écritures touarègues attestent que le tifinagh était déjà présent dans la région il y a plusieurs millénaires.

De nos jours, il est utilisé pour écrire de courts textes en langue tamasheq. Cet alphabet est enseigné à l’enfant touareg par sa mère qui forme les lettres sur le sable. Dans cette écriture faite uniquement de consonnes, des voyelles ont été introduites pour la rendre compréhensibles aux non initiés. Par convention, l’écriture de gauche à droite a été adoptée.

Un journal, écrit en Tamasheq et en Français est édité, un des seuls exemples d’usage du tifinagh sur papier.

Une place particulière pour la femme

La tradition orale fait descendre les Touaregs de Tin Hinan, reine et ancêtre mythique.

C'est une société matriarcale, la filiation s'établit par les femmes : l'enfant appartient à la tribu et à la classe sociale de sa mère. La tente est le bien propre de la femme, qu’elle garde en cas de divorce ou de veuvage. La mariée reçoit des biens de sa mère et une dot de la famille de son mari, dot dont elle dispose librement le plus souvent.

Les Touaregs sont traditionnellement monogames.

La femme a un grand rôle au sein de la tribu et de la famille. En tant que gardienne des traditions et des savoirs de la culture touarègue, elle est très respectée

Elle participe à toutes les décisions de la famille et de la tribu, elle monte la tente et éduque les enfants. Elle leur apprend le tifinagh et elle enseigne aux enfants le takaraquit : les usages de la politesse et de la retenue, de la pudeur vis-à-vis des membres du groupe ainsi qu’une extrême attention portée aux autres.

Une adaptation au désert

« L’homme est toujours marqué par la terre qu’il habite. Toute sa personnalité est forgée à l’image de cette terre. En cela, le désert reste l’exemple le plus parfait de cette adaptation. Sur la terre qu’il habite, le Touareg a su se faire humble pour survivre, mais aussi austère et fort pour se défendre. Il sait que, pour survivre, il doit s’adapter au désert, le comprendre, l’écouter, car le désert sera toujours plus fort que l’homme. Il faut donc, pour y vivre, autant de simplicité que de courage »

Mano Dayak . Extrait du livre "Je suis né avec du sables dans les yeux"

L’homme dans le désert a su développer une culture faite de modestie, de raffinement, de pudeur et de maîtrise de soi où la parole, la poésie et la musique occupent une grande place. La vie est fragile, « la mort est plus près de l’œil que la paupière », elle tient en des gestes précis et des savoirs que l’enfant apprend dès son plus jeune âge comme l’emplacement des puits, la façon de se repérer aux étoiles.

Deux modes de vie sont complémentaires : dans les régions où le sous-sol est riche en eau, certains touaregs devenus sédentaires ont créé des oasis, avec cultures de céréales, de palmiers dattiers et de légumes. Les nomades, éleveurs de dromadaires, chèvres et moutons, eux produisent la viande, ils ont un territoire géographique et se déplacent de pâturages en pâturages et transportent à dos d’animaux les tentes légères. Les nomades, devenus caravaniers permettent aux sédentaires de faire du commerce avec les autres peuples du désert.

Le dromadaire,  symbole de richesse au sein de la tribu, est un modèle d’adaptation au désert. Pouvant rester un mois sans boire, il peut avaler en une fois 120 litres d’eau au puits. Chaque chameau peut, par exemple, transporter 120 kg de sel. La caravane du sel des Touaregs d’Agadez et du Massif de l’Aïr, une des dernières, traverse le Ténéré avec 100 à 300 chameaux. Elle ne rencontre que 2 puits sur les 700 km de la traversée, jusqu’aux salines de Bilma d’où le sel, sous la forme de pains, est ramené jusqu’aux campements ou troqué contre du mil dans le sud du pays.

touareg niger

La vie dans les campements

Le travail se partage entre la surveillance des troupeaux, l’approvisionnement en eau aux heures les moins chaudes tandis que les heures les plus chaudes et les soirées sont des moments de partage autour des 3 thés, occasion de transmettre les traditions, contes et légendes autour des animaux.

La tente est plus qu’un habitat, c’est un lieu qui rassure, elle symbolise la mère. Légère et facile à monter, elle est faite de peaux d’animaux cousues portées par des piquets ou en nattes de feuilles de palmiers tressées, sur des arceaux en racines d’acacias. La tente avec un lit démontable, quelques sacs en cuir ne contient que quelques objets indispensables.

touareg niger

Dans certains campements, les femmes jouent de l’imzad, violon monocorde, en chantant des chants très lents et poétiques, histoires d’amour ou récits de guerriers. Ces joueuses, hélas de moins en moins nombreuse, sont toujours très écoutées

Les fêtes et la musique

A l’occasion des Fêtes les touaregs organisent l’illougane, la danse du chameau, les méharistes à pas lents et cadencés forment des cercles autour d’un groupe de femmes, assises sur le sol qui chantent et battent le tam-tam

Les Agadéziens se rassemblent autour de la fête du Mouloud (jour de la naissance du prophète), du Bianou, Nouvel An musulman, jour où les enfants se déguisent, et de la Tabaski, ou Aïd el Kébir, « fête du mouton » appelée Sallaleja en tamajeq, célébrée en brousse et en ville.

A côté des instruments traditionnels comme la flûte et l’imzad, la guitare est apparue avec une musique nouvelle dans les années 90, le blues du désert, chantant la vie actuelle de la communauté. De nombreux groupes font connaître cette musique  et les problèmes de la communauté touarègue dans le monde.

Un artisanat riche :

Les touaregs fabriquent des selles de chameau et des sacs très décorés, ils travaillent le cuir, la vannerie et les artisans forgent de très beaux bijoux en argent finement ciselés, dont la renommée dépasse largement le désert.

Bijou touareg niger

Bijou touareg niger

Et demain ?

Au cours des siècles les Touaregs ont vécu en bonne harmonie avec le désert dans le Sahara central. Depuis une centaine d’années, ils sont confrontés à de nombreux problèmes. La colonisation a soumis le peuple touareg puis, en 1960, la création des états avec un tracé arbitraire des frontières a écartelé ce peuple en 5 pays dans lesquels ils ont été marginalisés.

Né il y a trente ans, le tourisme crée une nouvelle source de revenus pour les Touaregs qui deviennent guides, cuisiniers ou chauffeurs. L’attrait des paysages du désert, le silence et l’immensité et l’hospitalité des peuples du désert, attirent des touristes occidentaux qui découvrent les plus beaux paysages du désert en 4X4 ou en méharées.

Mais les changements climatiques avec les terribles sècheresses de 1974 de 1984, du début des années 90 et de 2005, ont décimé des milliers de troupeaux et s’accompagnent  de grandes crises alimentaires avec famine. Par la rébellion des années 90, les Touaregs ont obtenu une reconnaissance mais le développement de la région se fait attendre.

Un autre problème se pose maintenant : la découverte de la très grande richesse du sous-sol. Pétrole, or, uranium attirent la convoitise des grandes puissances, alors que les populations locales sont laissées en marge de toute modernisation. Grâce aux moyens modernes de communication les touaregs prennent conscience des immenses richesses du sous-sol et souhaitent bénéficier d’une part de ces richesses, pour s’instruire, se soigner, construire une société nouvelle avec un développement respectant les valeurs traditionnelles.

 

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